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La fin des certitudes

"La fin des certitudes" 

 

Sixième saison de conférences

 

à l'Hôtel du département des Bouches-du-Rhône 

 

Il y a toujours un rôle essentiel pour la philosophie,

 

laquelle n'est, après tout, qu'une des incarnations principales de notre liberté.

 

Cornelius Castoriadis

 

 

 

"Le futur est-il donné ou bien est-il en perpétuelle construction ? La croyance en notre liberté est-elle une illusion ? Est-elle une vérité qui nous sépare du monde ? Est-elle la manière dont nous participons à la vérité du monde ?

 

C’est d’un univers en construction qu’il s’agit. Le futur n’est pas donné. Nous vivons la fin des certitudes. Est-ce là une défaite pour l’esprit humain ? Je suis persuadé du contraire.

 

Nous discernons de nouveaux horizons, de nouvelles questions, de nouveaux risques. Nous vivons un moment privilégié de l’histoire"

 

Ilya Prigogine "La fin des certitudes"

 

"Echange et diffusion des savoirs" présente en partenariat avec le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, sa sixième saison de conférences, ouvertes à tous et gratuites.

 

Après avoir notamment abordé les saisons précédentes les thèmes du temps, de la limite, ou de l'exception, "Echange et diffusion des savoirs" propose au public de Marseille et du département de s'interroger sur "La fin des certitudes", dans le sillage de la pensée qu'Ilya Prigogine, prix Nobel de chimie en 1977, développa dans son ouvrage éponyme édité en 1996.

 

De novembre à mai, à l'Hôtel du département des Bouches-du-Rhône, quinze philosophes, scientifiques, historiens, politologues, anthropologues…, tous chercheurs et penseurs de haut niveau, viendront éclairer cette question à la mesure des grands défis de notre temps. 

 

L'évolution actuelle de la science et ses bouleversements théoriques, la globalisation, l'extension planétaire des réseaux de ville, de commerce, mais aussi d'idées et d'idéaux, bouleversent notre vision du monde et soulèvent nombre de questions problématiques pour le monde contemporain et ses futurs.

 

Comment assurer aujourd'hui le gouvernement des hommes et la maîtrise des choses dans ce monde en construction ? Comment préserver la démocratie d’un relativisme sans valeurs où "tout se vaudrait", comme des assauts de la violence terrorisante ou larvée, aujourd'hui si présente ?

 

Comment passer d'un monde de "certitudes" à un monde de "probabilités", voire d'incertitudes ?

 

PROGRAMME ET INFORMATIONS

 

Echange et diffusion des savoirs 

 

16 rue Beauvau 13001 Marseille - 04 96 11 24 50 - contact@des-savoirs.org ou



cecile.arnold@des-savoirs.org





Programmation

 

NOVEMBRE 2004

 



  • Jeudi 18 novembre

 

Certitudes et catastrophes en physique : les physiciens peuvent-ils avoir des certitudes ?

 

par Edgar Gunzig, physicien

 

Le début du XXème siècle marqua les débuts de la grande aventure de la science physique contemporaine. Bien que défiant toute intuition raisonnable sur le temps, l'espace et la matière, la description de la réalité du monde proposée par la physique quantique, la cosmologie ou la relativité générale, a réussi en un siècle à investir le champ du savoir. Jusqu'à ce qu'il y a seulement quatre ans, une nouvelle découverte ébranle de nouveau toutes certitudes : le contenu de l'univers n'est pas celui que l'on croyait et nous échappe complètement… Est-ce notre façon de parler du monde qui est "malade" ou le monde lui même ?

 

Edgard Gunzig est professeur honoraire aux départements de physique fondamentale et de philosophie de l'Université Libre de Bruxelles. Il organise depuis dix ans le Colloque international de cosmologie de Peyresq, qui interroge le domaine très sensible de la frontière entre cosmologie et théorie quantique des supercordes. Depuis le printemps dernier, Edgar Gunzig est également à l'origine de journées thématiques présentées au théâtre des Doms d’Avignon où se confrontent chercheurs internationaux et grand public.

 



  • Jeudi 25 novembre

 

L’historien dans un monde présentiste ?

 

par François Hartog, historien

 

Cette question souhaite contribuer à une réflexion sur le rôle de l’historien aujourd’hui, et attirer l’attention sur le temps et les rapports au temps. En effet, on l’écrit ici et là, les conditions d’exercice du métier ont changé et changent sous nos yeux. Dans un monde qui privilégie la dimension du présent, voire du présent seul, que deviennent la place et la fonction de celui qui s’était défini au XIXème siècle comme le médiateur entre passé et présent ?

 

Historien de la Grèce antique et historiographe, François Hartog s'attache à privilégier une approche anthropologique de l'histoire. Ce disciple de Jean-Pierre Vernant renouvelle ainsi la lecture des traditions qui ont fait notre culture et contribuer ainsi à réintroduire – voire réhabiliter – la pensée grecque dans le concert des sciences humaines et sociales. Largement salué par la critique, son dernier ouvrage apparaît comme une contribution de référence en matière d'historiographie. François Hartog est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, membre du Centre Louis Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes.

 

DECEMBRE 2004

 



  • Jeudi 9 décembre

 

Trente-trois dieux et encore Qui ? 

 

par Charles Malamoud, anthropologue, indianiste

 

Charles Malamoud propose d'aborder la mise en question des certitudes en s'interrogeant sur la dichotomie monothéisme/polythéisme, à la lumière de la tradition indienne. Sans Église ni dogme, l'hindouisme a élaboré une anthropologie centrée sur la relation de l'homme au cosmos. Ses conceptions, ses théologies et ses pratiques relativisent les distinctions courantes telles que monothéisme, polythéisme, voire athéisme. Une pensée dans laquelle le premier des dieux, le premier sacrifié, Prajapati, s’appelle aussi : "Qui ?"…

 

Spécialiste de l’Inde, Charles Malamoud a contribué à faire comprendre le système de pensée qui sous-tend les textes les plus anciens, les mythes et les rites de l’Inde. Il éclaire d'un jour nouveau les relations entre la mort, la loi, la répétition, la succession des générations mais également l’écriture et la parole. Son œuvre, considérable, et son enseignement, dépassent largement le cercle des indianistes, et ont inspiré le travail d’historiens, de psychologues, d’anthropologues, de sociologues, de psychanalystes… Charles Malamoud est directeur d'études honoraire à l'Ecole pratique des hautes études, à Paris.

 



  • Jeudi 16 décembre

 

Jour de colère

 

par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, cinéastes et écrivains

 

Conférence-débat après la projection de l'épisode 7 de "L'origine du christianisme" produit et diffusé par ARTE en avril 2004

 

En 50 ou 51, de Corinthe, Paul écrit la première épître aux Thessaloniciens, le texte le plus ancien du Nouveau Testament. Pourquoi Paul y dénonce-t-il les Juifs comme les "ennemis des tous les hommes" ? Est-ce l'instigation d’un antijudaïsme chrétien, qui ne serait plus alors seulement une suite de soubresauts de l’histoire, mais bien une donnée originaire, pour ainsi dire "génétique" de la religion nouvelle ? L'apôtre peut-il avoir été l’auteur de ces phrases ?

 

Cinéastes et écrivains, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur travaillent ensemble depuis plus de dix ans sur les premiers textes chrétiens et les débuts du christianisme. Ils ont notamment réalisé la série "Corpus Christi"diffusée par ARTE en 1997 et 1998, dont le succès et l’écho ont été considérables. Leur travail a été récompensé deux années de suite par le Clio de l'Histoire, ainsi que par la médaille Yedi Frends (Jérusalem) et le Golden Rainbow du Cambridge Historical Film Festival (Grande-Bretagne). Après la question du "Jésus historique", "L’origine du christianisme" explore le siècle qui va de la mort de Jésus à la séparation du christianisme et du judaïsme.

 

JANVIER 2005

 

Jeudi 13 janvier

 

L’homme et sa nature : de l’hominisation à la fin des certitudes

 

par Pascal Picq, paléoanthropologue

 

La paléoanthropologie évolutionniste nous enseigne comment s’est faite l’évolution de l’homme. Elle permet de mieux comprendre la place de l’homme dans l’histoire de la vie comme dans la nature actuelle. C’est cela l’hominisation : une prise de conscience sur notre devenir non pas hors de notre condition naturelle, mais en préservant les chances d’une évolution réellement humaine. Un changement considérable qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se préoccupe des générations futures, des autres espèces, de la nature. Autrement dit, devenir enfin des Homo sapiens exige de se dépouiller de bien de certitudes.

 

Paléoanthropologue, Pascal Picq est maître de conférence au Collège de France, attaché au laboratoire de paléoanthropologie et de préhistoire dirigée par Yves Coppens. A travers ses recherches sur la morphologie évolutive du crâne des hommes et des grands singes, Pascal Picq tente de repenser à la lumière des espèces qui nous sont les plus proches, ce qu’est véritablement la culture humaine et ce que peut vouloir dire désormais "le propre de l’homme".

 



  • Jeudi 20 janvier

 

La nation absente ?

 

par Pierre Manent, philosophe

 

Au cours des derniers siècles, toutes les composantes de notre vie personnelle et collective ont de plus en plus trouvé leur lieu d'intégration dans la communauté nationale. Avec l'érosion de celle-ci sous la pression combinée de la mondialisation et de la construction européenne, c'est le principe intégrateur de nos vies qui est atteint. Comment mesurer les risques et les chances de ce processus proprement bouleversant ? Que se passe-t-il quand notre "tout" s'absente ?

 

 

 

Pierre Manent est philosophe et historien des idées. Il a longtemps travaillé sur l'histoire intellectuelle du libéralisme et ses théories. Alors que l'histoire et la nature des régimes politiques ont  largement été traitées, il s'engage aujourd'hui sur un chemin qui n’a jusqu'alors guère été frayé : l'élaboration d'une histoire raisonnée des formespolitiques que constituent la tribu, la cité, l’empire, la nation, la cosmopolis. Pierre Manent est directeur d’études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales en Histoire et civilisations de l’Europe, au centre de recherche politique Raymond Aron.

 

FEVRIER 2005

 


  • Jeudi 3 février

 

Incertitudes dans la globalisation

 

par Jean-François Bayart, politologue

 

En quelque deux décennies, la conjonction d’innovations technologiques spectaculaires, de l’effondrement de l’Empire soviétique, des politiques économiques néolibérales et du terrorisme international de masse ont consacré l’unité de notre monde, à laquelle conduisait l’expansion du capitalisme occidental depuis quatre siècles. La mondialisation d’aujourd’hui et la formation des Etats-nations d’hier consistent en des expériences historiques de changement d’échelle des sociétés. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de saisir d’un même mouvement la cohérence et son hétérogénéité, la totalité et son inachèvement, le décalage entre l’aspiration à une "gouvernance globale" et la permanence des sociétés politiques, l’inégalité sociale que produit l’unité du monde et qui lui est inhérente.

 

Jean-François Bayart, un des plus célèbres politologue français, s'est particulièrement intéressé à l'étude des systèmes politiques en Afrique sub-saharienne mais aussi en Turquie et en Iran, comme à l'étude de la politique étrangère de la France, en Afrique principalement.

 

Jean-François Bayart est directeur de recherches au CNRS, au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), qu'il a également dirigé de 1994 à 2000. Il enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris. Co-fondateur et ancien directeur des revues Critique internationale et Politique africaine, il est consultant permanent au Centre d'analyse et de prévision du ministère français des Affaires étrangères depuis 1990. Depuis 2002, il est gouverneur de l’European Cultural Foundation (Amsterdam). Il est également président du Fonds d’analyse des sociétés politiques depuis 2003. Ses ouvrages font l'objet de multiples traductions.

 



  • Jeudi 24 février

 

Le probable et l'intemporel

 

par Henri Atlan, biologiste et philosophe

 

"Prédire l'avenir s'est révélé illusoire. Le progrès des connaissances consiste aujourd'hui à le savoir et à en déduire que nous devons décider en situation d'incertitude.

 

Nous disposons pour cela d'un outil développé depuis trois siècles, le calcul des probabilités. Celui-ci joue avec l'inconnu pour le circonscrire et le transformer en objet de connaissance. En même temps, la connaissance qu'il procure s'inscrit dans le temps en ce qu'elle porte sur un futur inconnu, mais le calcul la rend pourtant intemporelle. Ces propriétés paradoxales conduisent plus souvent qu'on le croit à des applications trompeuses, elles-mêmes à l'origine de nouvelles sortes d'illusions."

 

Médecin, biologiste et philosophe, Henri Atlan est l'un des pionniers des théories de la complexité et de l’auto-organisation du vivant. Sa pensée contribue grandement à éclairer les questions de société que soulèvent le clonage, les découvertes récentes sur les prions, ou la biologie du développement.

 

Professeur émérite de biophysique aux universités de Paris VI et de Jérusalem, directeur d'études en philosophie de la biologie à l'EHESS et directeur du Centre de recherche en biologie humaine à l'Hôpital Universitaire Hadassah de Jérusalem et "scholar in residence" en philosophie et éthique de la biologie à cette même université, Henri Atlan a été membre du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé de 1983 à 2000.

 

MARS 2005

 



  • Jeudi 3 mars

 

Démocratie et incertitudes

 

par Claude Lefort, philosophe

 

Quand on accuse la démocratie de "perte des valeurs" ou de relativisme exacerbé, on désigne aussi l’expérience d’un pouvoir toujours en quête de sa légitimité, d’une loi toujours en recherche de consensus, de savoirs toujours exposés à la critique.

 

Ceci a également son envers, le "tout est permis", le "tout est égal". Il faut l’affronter comme ce qui est de l’ordre de la corruption, du revers, dont l'"avers", lui, vaut bien défense et approfondissement. En ce sens, toutes les tentations du retour, les tentatives de "retrouver" un quelconque état originaire qui eût été meilleur, illustrent l’ordre mythique du conservatisme.

 

Elève puis ami du philosophe Merleau-Ponty, fondateur en 1948, avec Cornelius Castoriadis, du groupe Socialisme ou Barbarie, Claude Lefort est une figure majeure de la réflexion menée en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le totalitarisme et la domination. Son œuvre a largement contribué à ce que la nature exacte du marxisme-léninisme appliqué, fasse l'objet d'un travail d'analyse rompant radicalement avec les clivages idéologiques en usage. Il continue aujourd'hui à explorer la relation que les philosophies contemporaines entretiennent avec l'autre phénomène du siècle, la démocratie moderne, et les avatars du totalitarisme.

 



  • Jeudi 10 mars

 

Qu'est ce que l'espace ?  Qu'est ce que le temps ? La fin de nos certitudes newtoniennes

 

par Carlo Rovelli, physicien

 

Les développements de la physique du XXl'Ecole des hautes études en sciences sociales siècle ont brouillé les certitudes sur la structure de l'espace et du temps qui avaient été à l'origine de la physique classique newtonienne. Le processus de construction d'un nouveau cadre conceptuel susceptible de remplacer le cadre newtonien familier n'est pas encore achevé. Mais il semble indiquer que, pour mieux comprendre le monde physique, nous devons renoncer aux notions d'espace et de temps : en regardant à très petite échelle, peut-être que l'espace et le temps n'existent plus.

 

Physicien italien travaillant à Marseille, Carlo Rovelli est à l'origine, avec le physicien américain Lee Smollin, d'une nouvelle théorie de la gravité quantique, dite " gravitation quantique en boucles". Née de la convergence de la théorie de la relativité générale d'Einstein avec la mécanique quantique, cette approche bouleverse les modèles de compréhension de l'espace et du temps physique.

 

Carlo Rovelli est professeur de physique théorique à l'Université de la Méditerranée, chercheur du CNRS au Centre de physique théorique, à Marseille, et visiting professor à l'Université de Pittsburgh où il enseigne la philosophie.

 



  • Jeudi 24 mars

 

Puissance et impuissance dans l'ordre international

 

par Pierre Hassner, politilogue et philosophe

 

Hegel parle, à propos de Napoléon, de "l'impuissance de la victoire". Vaclav Havel parle, à propos des dissidents, du "pouvoir des sans-pouvoir". Les hiérarchies de la puissance sont-elles en train d'être bouleversées ? Ses dimensions (militaire, économique, culturelle, politique) sont-elles en train de diverger ? "L'arrogance de l’impuissance" est-elle aussi critiquable que l'arrogance de la puissance ? Ces questions apparemment abstraites sont au cœur des conflits de notre temps. Elles illustrent cette fin des certitudes qui le caractérise.

 

Disciple de Raymond Aron, Pierre Hassner est spécialiste des relations Est-Ouest. Dans le contexte des incertitudes que soulève l'évolution géopolitique du monde actuel, c'est en qualité de philosophe qu'il s'attache à dégager les contours futurs du politique. Ses réflexions portent en particulier sur les questions éthiques que soulèvent les relations internationales, et sur la guerre, la violence et le totalitarisme dans l'histoire de la pensée politique et en Europe après la guerre froide.

 

Pierre Hassner est diplômé en philosophie de l'École Normale Supérieure. Directeur de recherche émérite au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), il enseigne les relations internationales et l'histoire de la pensée politique à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'European Center de l'Université Johns Hopkins à Bologne.

 



  • AVRIL 2005Jeudi 7 avril

 

Dissolution de l'espace : la perte du lieu commun

 

par Henri Gaudin, architecte

 

Habiter consiste à nous rendre le monde familier. La primauté de la sphère privée, une conception autarcique de l’édifice, sont autant de propositions tendant à miner la vie en commun, à rompre les liens sociaux et à vouer l’espace à sa perte. Peut-on faire l’impasse de la visibilité de la démocratie ?

 

Henri Gaudin est une figure majeure de l'architecture en France. Tout son parcours participe d'une recherche, certes architecturale, mais également spirituelle, intellectuelle et, proprement, politique. En articulation constante avec les autres champs scientifiques, sociaux, philosophiques, artistiques…, ses réflexions et son travail s'attachent à privilégier la relation entre l'espace privé et l'espace public, entre l'individu et le citoyen.

 

Grand prix d'architecture en 1989 (distinction qu'il refuse) et grande médaille d'or de l'Académie d'architecture en 1994, Henri Gaudin a reçu l'Équerre d'argent en 1986 pour l'ensemble des logements sociaux d'Évry-Courcouronnes et en 1994 pour le stade Charléty qu'il a réalisé avec Bruno Gaudin.

 



  • Jeudi 28 avril

 

Religions de Grèce et de Rome, entre pensée de l'incertitude et respect des règles.

 

Des mondes anciens pour éclairer un débat brûlant d'actualité

 

par Philippe Borgeaud, historien des religions

 

L'histoire des religions a pour objet "l'autre" que nous pourrions être, ou "l'autre" que nous sommes aussi. Cela est d'autant plus vrai que le supermarché de la postmodernité rejoint de manière frappante le monde pluriel et chatoyant des croyances et des pratiques d'avant l'invention chrétienne et européenne, de ce que nous appelons généralement, comme si cela allait de soi, "les religions". Avec l'entrée en jeu du christianisme, les modèles antiques d'explication de l'autre se trouvent bouleversés. Les plus anciennes interrogations chrétiennes sur les religions des Nations sont orientées vers la conversion, et le christianisme introduit une nouvelle manière d'empoigner l'autre pour lui faire dire le même.

 

Philippe Borgeaud dirige le département d’histoire des religions antiques à l’Université de Genève. Défendant l'idée qu'il faut dégager l’histoire des religions de la vision "européano-christiano-centriste" qui l’enferme presque systématiquement, les réflexions qu'il développe sur le problème du comparatisme en histoire des religions font référence depuis 20 ans.

 

MAI 2005

 



  • Jeudi 12 mai

 

Comparer l'incomparable des nations

 

parMarcel Detienne, anthropologue, helléniste

 

Aujourd'hui, dans une grande nation en Europe, un historien d'Académie en félicite un autre qui a l'audace de nous ramener devant le mystère de l'identité nationale. Comment des "clercs" depuis plus d'un siècle fabriquent-ils des histoires de Nations toujours incomparables ? Quelle est leur responsabilité dans la mise en œuvre de nos "identités meurtrières" ? Comment dénationaliser nos histoires nationales, en Europe et ailleurs ?

 

Helléniste mondialement réputé, Marcel Detienne pratique l'analyse anthropologique et comparée des mythes et des sociétés. Dès les années 50, avec Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet notamment, il fait partie de ce que l'on appela l'"Ecole de Paris" dont les travaux vont renouveler considérablement la vision traditionnelle de la Grèce antique. Toute sa démarche de chercheur a été guidée par l'idée de faire rentrer l'anthropologie dans la science historique, affirmant en substance que "la connaissance historique ne peut qu'être fécondée par ce type de comparatisme constructif, celui-là même qui ne craint pas de franchir la frontière entre sociétés d'autrefois et cultures d'ailleurs."

 

Marcel Detienne est professeur à la Johns Hopkins University, aux Etats-Unis, et a été directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il est l'auteur de très nombreux ouvrages qui font autorité dans l'étude de l'histoire de la Grèce ancienne.

 



  • Jeudi 19 mai

 

Charmes et risques de l'incertitude

 

par Isabelle Stengers, philosophe des sciences

 

Dans les sciences physiques, guidées par un idéal déterministe, la question d'une incertitude irréductible, c'est-à-dire renvoyant non à l'observateur mais à ce qui est décrit, traduit la possibilité d'un bouleversement conceptuel passionnant. Mais ce bouleversement présente aussi un risque : réactualiser le modèle quasi métaphysique qu'a constitué la physique depuis ses origines. Pour échapper à ce risque prévisible, il s'agit de ne pas confondre l'incertitude et le sens du possible sans lequel nous ne pourrions ni penser, ni... faire de la physique.

 

Philosophe des sciences, Isabelle Stengers est une observatrice pointue de l'évolution de notre société. Dans son travail, elle s'intéresse aux savoirs minoritaires et aux questions politiques suscitées par les sciences, particulièrement à toutes les formes de disqualification péremptoire - des sciences entre elles, des savoirs canoniques vis-à-vis des savoirs "dominés", des experts vis-à-vis des citoyens… En développant une pensée engagée, divergente, exposée, la démarche et le travail d'Isabelle Stengers font acte de philosophie. Docteur en philosophie des sciences, Isabelle Stengers enseigne à l'Université Libre de Bruxelles. Auteur d'une somme considérable d'ouvrages suscitant à la fois intérêt et perplexité, elle a notamment collaboré à la rédaction de plusieurs ouvrages importants avec Ilya Prigogine. Elle a reçu le grand prix de philosophie de l'Académie Française en 1993

23/01/2005
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