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Arte présente Lacan

Dans la collection

«  Monographies d’écrivain »

JACQUES LACAN

En DVD le 24 septembre 2008





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« Je dis toujours la vérité. Pas toute. Parce que toute la dire, on n’y arrive pas. Ce sont les mots qui manquent. C’est même par cet impossible que la vérité touche au réel. »
Jacques Lacan








ARTE  Vidéo poursuit sa collection de « Monographies d’écrivain » riche aujourd’hui de neuf titres et qui s’enrichira  le 28 novembre d’un dixième DVD  consacré à Claude Lévi-Strauss.

Pour l’heure, après Simone de Beauvoir en janvier dernier, c’est Jacques Lacan qui est mis à l’honneur.


Psychiatre et psychanalyste, héritier de Sigmund Freud et de l’école anglaise de psychanalyse, passionné autant par la science que par le mouvement des idées, Jacques Lacan fut appelé le “Freud Français”. Il fut un clinicien de la folie en général et de la folie féminine en particulier. Il forma un grand nombre de praticiens en France et sa théorie connut un retentissement mondial. Il avait un talent particulier pour inventer des formules paradoxales, parmi lesquelles :


“La femme n’existe pas.”

“L’amour, c’est donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas.”

“Le désir de l’homme, c’est le désir de l’autre.”

“L’inconscient est structuré comme un langage.”

“Il n’y a pas de rapport sexuel.”

Deux films sont regroupés dans ce DVD :

Le premier est un documentaire construit comme un puzzle et qui mêle  biographie et concepts élaborés par Lacan.

Le deuxième : « La conférence de Louvain » enregistrée le 13 octobre 1972, est un véritable morceau d'anthologie qui permet de comprendre la fascination exercée par le maître à penser sur des générations d'auditeurs ou de patients.


Deux films au programme:


Jacques Lacan, la psychanalyse réinventée
Un documentaire de Elisabeth Kapnist, écrit par Elisabeth Roudinesco et Elisabeth Kapnist, avec les témoignages de Maria Belo, Juliet Mitchell, Elisabeth Roudinesco, Jacques Derrida, Christian Jambet et Jean-Bertrand Pontalis.
2001- 60 min




Lacan parle
La conférence de Louvain enregistrée le 13 octobre 1972
Un film de Françoise Wolf
1972 – 56 min – N et B 



Jacques Lacan, la psychanalyse réinventée :

Un beau document, élégamment construit, indispensable pour les curieux et les passionnés. La vision de ce film ravira aussi bien ceux qui sont acquis à Lacan et qui prendront plaisir à le retrouver tel qu'ils l'ont aimé avec  sa puissance, ses intonations et ses silences calculés devant un auditoire attentif, dévoué ou fasciné. Il ravira aussi les sceptiques ou les plus réfractaires qui, pour leur part, se délecteront à repérer les tics du maître, la gestuelle du séducteur,  l'hermétisme  rébarbatif du beau parleur, dans l'intention de dénoncer ce qui leur déplait en lui et d'en alimenter leurs controverses . 


Un document léger, accessible, digeste, indispensable pour ceux qui de Lacan ne connaissent que le nom, le cigare et la réputation à travers ceux qui en ont fait l'expérience, unique, plaisante ou déplaisante, envoûtante ou mortifère!

Oui, une occasion de se cultiver, osons le dire, et de se faire une idée... sur ce qui marqua qu'on le veuille ou non les années soixante soixante dix, et dont les échos retentissent encore aujourd'hui, plus ou moins troublants.

Les commentaires de Pontalis, de Juliett Mitchel, de Derrida sont pleins de finesse et loin d'être complaisants. Un exercice périlleux qui leur était demandé et qu'ils ont aimablement réussi ,
même si on les sent un peu bridés et limités par leur désir ou leur devoir de ne pas érafler l'image de ce monstre sacré de la psychanalyse ...





La conférence de Louvain :

Une des rares occasions où Lacan a accepté d'être filmé, avec un passage jubilatoire qui donne une raison de plus   pour se procurer le DVD: Lacan... sensible à un auditoire qui lui est... sensible, mais  Lacan plus ou moins hermétique, est interrompu dans sa démonstration par la "performance" d'un jeune libertaire qui s'est faufilé dans le public et fait irruption aux côtés du psychanalyste . Remettant en question les propos de Lacan, le jeune homme provoque  la salle en badigeonnant avec on ne sait quel liguide - de l'eau sans doute - le bureau derrière lequel Lacan officie. Il renverse tout ce qui s'y trouve, et tente de justifier l'hermétisme de son geste par l'hermétisme du propos tenu devant l'assemblée. La scène se termine façon "entartage". Lacan s'en sort en ...maître ! La provocation finit par se retourner contre son auteur, et le maître poursuit tandis que le trublion est prié de sortir - après avoir été invité dans un premier temps à rester.

Le reste du film est intelligemment rythmé; point de vue historique et point de vue subjectif de la réalisatrice alternent.
Là encore nul n'est volé. Qui a connu Lacan le retrouve, qui ne l'a pas connu le découvre. Agacé et épaté. Dubitatif, surpris, déconcerté, mais respectueux.
Le clown existe et son jeu de scène en exprime sans doute plus que ses mots. Pourtant c'est avec eux qu'il jongle, ce sont ceux-ci qu'il assène, c'est leur pouvoir qu'il chante, et grâce à eux qu'il se traduit. Lacan dit Lacan. Mais s'affirme plus encore par-ce qu'il est
que pace qu'il  parle.

On découvre la voix, le ton, l'obscurantisme nécessaire pour maintenir la foule, l'intelligence déconcertante, la suffisance ponctuée de moments de modestie ou d'éclats lumineux qui résonnent alors comme des instants de vérité.
On comprend qu'il ait marqué.
C'est bien son geste, son acte de présence qui font sens dans une société encore figée qui demandait à se réveiller, plus que le contenu de son propos. Bien qu'encore ici le passage du film où il est question du transfert soit très éloquent... L'amour et le sentiment d'être aimé, sans doute est-ce ce à quoi Lacan a succombé tandis qu'il était impitoyable avec ceux qui ne le lui rendaient pas ou ne parvenaient à lui céder.
Lacan se voulait irrésistible. Il s'est rendu incontournable.
Avec son irrépressible goût pour la liberté dont il refuse de parler mais dont témoigne non sans une certaine virtuosité sa façon d'oser se dire. Et de sans doute finir par en jouir.

Ce DVD aussi en témoigne, tout comme il témoigne - dans l'après coup - de la valeur du passage de Lacan et de son apport dans le champ psychanalytique. Parce que c'était lui, parce que c'était ainsi.



Virginie Megglé
Octobre 2008

04/10/2008
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