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Sexe, amour et crime Psychanalyse et criminologie

Sexe, amour et crime Psychanalyse et criminologie

 
Jeune femme affaissée au coin d’une table avec un personnage dans son dos  - Johann Heinrich Füssli (1741-1825)

© Photo RMN © Michèle Bellot



31 mars et 1er avril 2007

 

 8e colloque de l’A.l.e.p.h.   

 

Organisé par l’Association Lilloise pour L’Étude
de la Psychanalyse et de son Histoire et
le Collège de Psychanalystes-A.l.e.p.h.

Sexe, amour et crime

Psychanalyse et criminologie

        Esc de Lille, avenue Willy Brandt à Lille



Ouvert à tous, participation aux frais 40 euros, tarif réduit 20  euros


 

Sylvie Boudailliez



sboudailliez@cp.aleph.asso.fr


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                         Renseignements et contacts                 
http://www.aleph.asso.fr
 

Franz Kaltenbeck

fkaltenbeck@cp.aleph.asso.fr

Argument du colloque

Sexe, amour et crime, psychanalyse et criminologie

Tout crime n’est pas sexuel. Et pourtant, même de simples délits s’avèrent souvent relever d’une étiologie sexuelle. Un psychanalyste qui travaille en prison peut témoigner des effets dévastateurs des violences parentales sur les enfants devenus braqueurs ou assassins. L’amour, ses prétentions et ses malentendus ne doivent pas non plus être oubliés quand on cherche les causes des actes transgressifs.

Les élèves de Freud, dès la première génération, ont contribué à la criminologie. La raison en est limpide. Freud n’a-t-il pas fondé la loi elle-même sur la repentance d’un crime mythique, celui du meurtre du père ? Lacan, qui n’a pourtant jamais caché son scepticisme face à cette construction, s’inscrivit dans la tradition criminologique du freudisme après avoir publié sa thèse sur le crime passionnel d’Aimée, une de ses premières malades paranoïaques.

Sa relecture, en 1963, du cas d’une patiente de Margaret Little, entrée en analyse parce qu’elle avait commis des actes de kleptomanie, témoigne de son ancrage freudien et de son intérêt pour les pathologies qui s’accompagnent d’actes délictueux. Ayant mis en valeur les interventions courageuses de M. Little et leur fonction de coupure, il cerne ce qui a déterminé les vols de la patiente : celle-ci n’était pour sa mère qu’un instrument de chantage, quant à son père, elle ne pouvait d’aucune façon représenter quelque chose qui ait pu lui manquer.

Les psychanalystes d’enfant qui travaillent avec leurs jeunes patients sur leurs petits larcins ou sur les agressions qu’ils ont commis envers d’autres enfants ont plus d’une fois sauvé leur patient d’une délinquance plus grave.

Or c’est Lacan, le grand clinicien de la psychose, qui s’est montré visionnaire quant à l’impact des psychoses dans les passages à l’acte criminel. Personne ne peut plus nier aujourd’hui que nos maisons d’arrêt sont peuplées de détenus fous, ayant commis des actes gravissimes. Les services médico-psychologiques dans les centres de détention manquent cruellement de personnels compétents – psychiatres, infirmiers, psychanalystes et psychologues, nommément. Situation explosive, à laquelle les autorités de l’État ne songent pas à remédier assez vite. Elles se contentent plutôt de pallier l’insécurité généralisée qui taraude notre société par une justice toute répressive. Celle-ci ne se limite plus aujourd’hui à l’application de la loi, elle cherche aussi à venger la victime. Plus encore, elle veut rassurer la société, en prononçant des peines incommensurables avec toute fonction rationnelle de la sanction. Aussi l’agresseur sexuel est-il souvent condamné à la réclusion maximale et tacitement considéré comme irrécupérable. Il est rejeté et donc isolé comme « pointeur » à l’intérieur même de la société carcérale.

Il faut regarder ce réel en face si l’on ne veut pas que les problèmes que pose le crime soient détournés par des démagogues sans foi ni loi. Notre colloque s’attellera à cette tâche en réunissant des psychanalystes d’adultes et d’enfants, des psychiatres et des psychologues qui travaillent en milieu pénitentiaire ainsi que des  criminologues et des  philosophes.

Franz Kaltenbeck, psychanalyste

 


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Intervenants

 

Adens Anne, psychologue, maison d’arrêt de Lille

Archer Evry, psychologue clinicien, psychiatre, chef de service au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille

Balier Claude, psychanalyste, psychiatre  (participation sous toute réserve)

Bihan François, professeur de lettres  

Boudailliez Sylvie, psychanalyste

Caballero Alberto, psychanalyste

Emmanuel Fleury, psychanalyste, psychiatre

Kaltenbeck Franz, psychanalyste à la maison d’arrêt de Lille  

Kornobis Jean-Paul, docteur en médecine  

Le Bodic Cédric, doctorant en psychologie (Rennes 2)

Lemonnier Brigitte, psychanalyste, psychiatre  

Maier Corinne, psychanalyste

Morel François, psychanalyste, psychiatre  

Morel Geneviève, psychanalyste 

Salecl Renata, criminologue, professeur de philosophie à l’université de Ljubljana (Slovénie)

Sastre Garau Philippe, psychiatre mgen  

Antoine Verstraet, psychologue

Yvan Frédéric, psychanalyste, philosophe

 

 
Samedi 31 mars 2007 – ESC de Lille — Amphi A, avenue Willy Brandt, 59000, Lille

 10h  — Accueil des participants, Franz Kaltenbeck

10h15 – 11h15

— Présidence, Dr Catherine Adins, psychiatre à la maison d’arrêt de Lille

 
— Dr Evry Archer

Les répercussions, sur la clinique, des impératifs sécuritaires de prévention de la récidive : quelques réflexions à propos des auteurs d’agression sexuelle.

 

— Franz Kaltenbeck,

De la malveillance



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                                                                                                                  — Pause —

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11h30 -13h

— Présidence, Lucile Charliac, psychanalyste


—  Geneviève Morel

Rencontres fatidiques 

— Sylvie Boudailliez

Inceste père-fille


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— Pause de midi —

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14h 30 -16h

—      Présidence, Dr  Joël Chazerault, docteur en médecine



—        Dr Balier Claude (Sous réserve)

Psychanalyse des comportements sexuels violents



— Dr  Philippe Sastre Garau

Les autoaccusations de criminalité dans la mélancolie. À propos de deux cas.




— Antoine Verstraet

Le dilemme d'Adam


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                                                                                                                    — Pause —

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16h15-18h

— Présidence, Bénédicte Vidaillet, maître de conférences, psychosociologue  
— Dr Emmanuel Fleury

L’ardeur meurtrière du suicide

                 — Dr Jean-Paul Kornobis

W. Reich : La vérité contre Modju

 

 
Dimanche 1er avril 2007 – ESC de Lille — Amphi A, avenue Willy Brandt, 59000, Lille

 

10h-11h

— Présidence, Sylvain Masschelier, professeur de lettres 


— Alberto Caballero

La réalité ordinaire, l'adolescent et la détonation.

 Dans le cycle de la congélation émotionnelle de Michael Haneke



— Renata Salecl

The choice of crime


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                                                                                                                                                     — Pause —

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11h15-12h30

— Présidence,  Isabelle Baldet, psychanalyste


— Corinne Maier

Faut-il aimer la République ou la détruire ?

               — Dr François Morel

Sur la clinique du déni des actes criminels

 

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— Pause de midi —

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14h30-16h

— Présidence, Dr Diana Kamienny-Boczkowski, psychanalyste, psychiatre  


—  Frédéric Yvan

L'amour et la mort ou l'effraction du cadre chez Poe.



—  Cédric Le Bodic

Approche criminologique de la différence des sexes et rapport sexuel.

—  Anne Adens

Un meurtre immotivé ?

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— Pause —

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16h15-18h

—      Présidence, Monique Vanneufville, maître de conférences, germaniste




— François Bihan

Vidocq ou les voi(e)x du bagne

— Dr Brigitte Lemonnier

Criminologie, psychanalyse et cinéma à propos du film de Steven Soderbergh  « Bubble »

 

18h — Conclusion : Franz Kaltenbeck


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Ce programme pouvant être modifié,  consultez notre  site Internet

http://www.aleph.asso.fr


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Arguments

 

Anne Adens

Un meurtre immotivé ?

Du meurtre immotivé au crime passionnel, j’explorerai ces concepts étudiés par les psychiatres et psychanalystes tels que Guiraud et Cailleux, Maleval, De Greeff etc. et les illustrerai à partir de cas cliniques.

 

Evry Archer

Les répercussions, sur la clinique, des impératifs sécuritaires de prévention de la récidive : quelques réflexions à propos des auteurs d’agression sexuelle.

Les impératifs sécuritaires de prévention s’imposent à chacun et à tous, à cause  de l’esprit de l’époque, dans nos sociétés contemporaines,  mais surtout  de  l’horreur des actes de violence sexuelle et des caractéristiques des victimes, notamment leur jeunesse habituelle et leur innocence. L’évidence de la nécessité de punir sévèrement l’auteur de tels méfaits contraste avec la certitude que seule la pathologie peut les expliquer, alors même que l’idée de sanctionner un sujet pour son symptôme s’avère encore plus insupportable que d’inscrire dans un cadre thérapeutique toute transgression sociale. Mais peut-être n’avons-nous pas suffisamment considéré en quoi le primat absolu de la prévention de la récidive et le « malaise dans la civilisation » qui résulte de cette contradiction actuellement indépassable, source  de distorsions cognitives, d’aberrations théoriques plus ou moins générales et de pratiques dérogatoires incohérentes du droit et du soin,  modifient notre façon de voir ces agresseurs et de nous intéresser à eux en tant que cliniciens

 

Balier Claude (sous réserve)

Psychanalyse des comportements sexuels violents…………………..................................
Claude Balier est toujours considéré comme le grand spécialiste des comportements violents en milieu carcéral, sa pratique quotidienne ainsi que son savoir psychanalytique ont fait l’objet de plusieurs livres et ouvrages collectifs : Psychanalyse des comportements sexuels violents : Une pathologie de l'inachèvement,  PUF (1 novembre 1999), Agressions sexuelles : Pathologies, suivis thérapeutiques et cadre judiciaire, Éditions Masson (septembre 2000),  La violence en Abyme : Essai de psycho criminologie - PUF (24 février 2005) préface de Voir - Être vu : Figures de l'exhibitionnisme aujourd'hui- PUF (1 mars 2005), Champ Psychosomatique, N° 38, 2005 : Les transgressions L' Esprit du temps (2 septembre 2005).

François Bihan
Vidocq ou les voi(e)x   du bagne

« Mes travestissements continuels, la mobilité de mes traits, une aptitude singulière à me grimer, ayant laissé une certaine incertitude sur mon âge, [ je précise que je suis …] né dans une maison voisine de celle où seize ans auparavant était né Robespierre. »

 

Auteur de Mémoires,  d’un Dictionnaire d’argot,  inspirateur de Hugo et  Balzac,  metteur en scène de sa propre vie au théâtre,  un enfant fugueur gagne sa liberté  et sa notoriété en dénonçant ses complices et ses camarades  de bagne. Poursuivant avant tout les « faiseurs », les escrocs, il se met en scène comme le protecteur de la société contre le « Mal caché » qui la hante. Masque et vérité : figures de l‘ hystérie masculine au XIXe siècle ?

 

Sylvie Boudailliez

Inceste père-fille

 La clinique du cas cernera l'impact de la psychose au point de bascule dans les passages à l'acte incestueux du père envers sa fille. Nous situerons comment l'histoire infantile de ce sujet le prédestine « au bagne » et retracerons quelques éléments de son procès où le jury, sourd à la pathologie sous -jacente à sa folie, le condamne à une réclusion maximale.

 

 

Cédric Le Bodic

 Sexe crime et amour : approche criminologique de la différence des sexes et rapport sexuel.

Thomas Laqueur, dans son ouvrage La fabrique du sexe, essai sur le corps et le genre en Occident, montre que deux lectures, que nous pouvons qualifier de paradigmes, de la différence des sexes, ont toujours co-existé. L’un de ces principes explicatif se trouve fondé sur les thèses galéniques et avance, dans une référence aux éléments de la cosmologie, une différence relative entre les sexes, faite de degrés, de plus ou de moins. L’homme s’y trouve être l’étalon de mesure et la femme un homme inversé. L’autre principe propose en se supportant des savoirs, médicaux notamment, sur le corps, en particulier, de radicaliser la différence, posant une incommensurabilité entre le mâle et la femelle. A partir de textes de criminologie aussi bien anciens (Lombroso) que récents, nous proposons d’argumenter comment ces paradigmes ne cessent d’imprégner les débats sur la nécessité d’établir un corpus théorique propre à la femme criminelle ou non (la femme est moins criminelle que l’homme, la femme est non criminelle, la femme intériorise plus…). Nous verrons alors que ces débats se voient alors fortement pris tant dans des enjeux politiques qu’épistémologiques. Dans un second temps, nous montrerons qu’en arrière fond de ces approches de la différence, l’enjeu fondamental se révèle être la question de la rencontre amoureuse. En effet, qu’il s’agisse de différence de degrés ou de différence radicale, il est toujours possible de lire chez les auteurs un souci de complémentarité entre les sexes, susceptible d’envisager que du Un se (re-)forme. Appuyant notre argumentation aussi bien sur des considérations freudiennes sur l’inconscient (telles que l’inconscient ne connaît pas la différence des sexes) que sur les formules de la sexuation de Lacan, nous essaierons  de voir en quoi il est à la fois non pertinent et impossible d’un point de vue structural, d’envisager une criminologie spécifique aux femmes, tendance aujourd’hui très forte.

 

Alberto Caballero

 La réalité ordinaire, l'adolescent et la détonation

 Dans le cycle de la congélation émotionnelle de Michael Haneke

 

1. La réalité en tant qu’ordinaire est d’un ordre successif des choses et  des événements, et il y a une fin irrémédiable, la détonation.  La réalité sera alors vue selon le point de vue de l'adolescent; l'adolescent opère avec cette réalité, la réalité manipulée par les moyens technologiques, le cinéma de Michael Haneke.

 

2. L’adolescent ne peut pas rentrer dans la réalité des adultes, en tant que fantasmatique, inconsciente...opéré par le réel, de l’objet, et si ça a lieu la détonation se produit. (Ceci arrive dans le cinéma de Gus van Sant et plus récemment dans le cinéma de Sofia Coppola).

 

3. Il ne cherche plus l'approbation ni le rejet des parents... mais la complicité du spectateur (la réalité en tant que virtuelle) ; il ne se présente pas comme protagoniste mais comme un spectateur... à travers les moyens, et ne consulte pas sa famille ou personne proches, mais seulement le spectateur... de l'autre côté de l'écran.

 

4. C’est le cinéma de Haneke, qui opère avec l'appareil qui produit l'image et non avec l'image comme produit,  il est fait à la réalité ordinaire, et il place le spectateur  entre ‘les écrans’, et ce dernier est opéré par l'opérateur (comme avec la vidéo, la photographie numérique, ou la vidéo-performance).

 

Emmanuel Fleury

L’ardeur meurtrière du suicide

Nathanaël rencontre l’homme au sable à trois reprises. A chaque fois, il en est effrayé. A la troisième, il se jette du haut d’une tour et se fracasse le crâne.

Le suicide de Nathanaël est raconté par Hoffman dans l’un de ses contes fantastiques, « L’homme au sable ». Ce texte est ensuite longuement commenté par Freud dans « L’inquiétante étrangeté » publié en 1918. Le commentaire de Freud est aussi célèbre que son « Deuil et mélancolie ». Pourtant, il n’est pas souvent cité en exemple par les psychanalystes au sujet du suicide.

Il se trouve que Nathanaël était pris d’une « ardeur meurtrière » envers le frère de Clara, son amante. Les garçons ont même commencé un duel. Interrompu au dernier moment par Clara. Une scène à mettre en perspective avec celle d’Hamlet contre Laërte dans la fosse  d’Ophélie.

Où l’on voit que le suicide peut facilement alterner avec le meurtre. Mais pas pour les mêmes raisons.

L’assimilation du suicide au « meurtre de soi-même », une donnée historique en matière de suicide, n’est pas une explication satisfaisante. La piste du suicide dit « altruiste » l’est peut-être plus.

Pour Nathanaël, Clara avait deux faces. Elle était soit un « stupide automate » incarnant « la mort décharnée », celle de Nathanaël. Soit, un amour que Freud qualifie de « narcissique » et que partageait Lothaire, en miroir. Au vu de ces données, ce qui parait altruiste, c’est le meurtre. Le suicide de Nathanaël, quant à lui, se comprend mieux par la «répétition du même » évoquée par Freud.

C’est ce que je souhaite examiner.

 

Franz Kaltenbeck

De la malveillance

On opposera à la surveillance, chère à Michel Foucault, le fait que l’on détourne trop souvent, dans nos sociétés occidentales, le regard de ceux sur lesquels il faudrait veiller – des enfants, des jeunes en difficulté, des faibles et, au niveau planétaire, des hommes et des femmes persécutés pour des raisons ethniques ou religieuses. Vu nos moyens techniques, nous sommes parfaitement informés sur ce qui se passe dans le moindre recoin de la terre. On peut donc appeler le détournement du regard face au réel une malveillance. Une malveillance est une attitude toujours active. À l’œuvre dans toutes les ségrégations, elle peut se renverser d’un jour à l’autre en une surveillance totalitaire.

 

Jean-Paul Kornobis

La vérité contre Modju 1

De 1951-1955, les investigations de la FDA2 ne se sont jamais interrompues. Harcelé par de nombreux  curieux qui voulaient voir ce qui se passait chez lui — on avait parlé d’orgies !  —, Reich réagit vigoureusement en allant même jusqu’à menacer d’une arme à feu les habitants de la petite ville de Rangeley où se trouvait son laboratoire. Plus intéressante que ce fait-divers fut la création par Reich durant cette période, du néologisme Modju — Mo de Mocenigo, l’homme qui a trahi Giordano Bruno et Dju de Djougachvili le vrai nom de Staline —. Paradoxalement, Reich se sentait menacé non pas par la FDA qui l’accusait pourtant de fraude, mais par les pestiférés dont le modèle était pour lui les stalinistes — les fascistes rouges —.

Le caractère pestiféré3 était en effet celui des hommes du souterrain qui profitent de la triste condition humaine pour la contaminer d’avantage. Parce qu’insatisfait sexuellement, l’homme de la rue pouvait, avec un peu de génie, devenir un grand criminel. Pour Reich, chacun a quelque chose à cacher et c’est à ce talon d’Achille que s’attaque le caractère pestiféré pour accomplir ses méfaits. Parce qu’elle donne une illusion protectrice en faisant semblant de respecter les règles morales, la peste émotionnelle a couvert « d’innombrables meurtres » et nombreux sont celles et ceux qui, à cause d’elle, ont été envoyés dans les asiles ou les pénitenciers. « Des millions d’humains sont morts sur les champs de bataille pour rien, pour le seul profit de MODJU. »

En suivant le destin tragique de W. Reich, je tenterai de montrer comment Reich, à partir de son propre symptôme, tenta de lutter contre le crime dont il pensait détenir la source en proposant jusqu’ à la fin de sa vie4 un pharmakon5 face au malaise dans la civilisation.

_______________________________

1]Extrait de l’Orgone Energy Bulletin, vol. IV, n°3 (juillet 1952), p.166-170. Traduction française par Pierre  Kamnitzer dans « Wilhem Reich. Reich parle de Freud », Petite Bibliothèque Payot, 1998, p. 280-286.

2] Food and Drug Administration.

3] Le caractère pestiféré (Modju) est défini par Reich comme  un être sexuellement infirme, ayant le sentiment d’être un géni avorté qui utilise son énergie sexuelle pour une sorte de sublimation à rebours. Il est habile à manier la ruse, la finasserie, à faire marcher les gens sans les effaroucher pour arriver à ses fins. Précédant de peu la foule, il se met facilement au service de la dictature et du fascisme.

4] Reich est mort le 3 novembre 1957 dans un pénitencier américain.

5] Je reprends ici le terme pharmakon à partir du texte de Franz Kaltenbeck l’Autre du symptôme, publié dans le n° 7  d’octobre 2006 de la revue Savoirs et clinique, p. 16.

 

Brigitte Lemonnier

Criminologie, psychanalyse et cinéma à propos du film de Steven Soderbergh « Bubble »

Dans une petite ville perdue du Midwest, Martha et Kyle travaillent pour l'une des rares usines encore en activité. Malgré leur différence d'âge, leur solitude les a rapprochés et le jeune homme et celle qui pourrait être sa mère sont devenus amis.

L'arrivée de Rose, une jeune mère célibataire, va tout remettre en cause. Entre les deux jeunes gens, des liens se nouent naturellement, ce qui n'est pas du goût de Martha. Lorsqu'un matin, on découvre la jeune femme étranglée chez elle, c'est le début d'une enquête qui va emmener chacun bien au-delà des apparences...

 

Corinne Maier

Faut-il aimer la République ou la détruire ?

La République en France est née d'un crime : la mise à mort du roi. Dans ces conditions, faut-il aimer la République ? On se penchera sur cette question armés des concepts de Freud et Lacan, tout particulièrement ceux portant sur la loi, le père et l'origine.

 

François Morel

Sur la clinique du déni des actes criminels

La clinique du déni est inquiétante : c'est pour éviter une utilisation judiciaire de celle-ci, notamment une clinique de la détection du mensonge, que Freud a sagement préféré ne pas s'aventurer dans ce domaine, et mettre la psychanalyse à distance de la justice. Pourtant, la rencontre avec le déni de l'acte criminel est un phénomène constant et bien souvent central dans la pratique clinique avec les sujets en milieu carcéral. Et la judiciarisation de la maladie mentale est devenue  telle que nous désirons pourtant  en dire quelques mots.

 

Geneviève Morel

Rencontres fatidiques

La vie d'un criminel paraît souvent incroyable : l'accumulation de mauvaises rencontres et de hasards invraisemblables donne l'impression d'une détermination opaque qui nous échappe. On parle alors du destin. Mais n'est-ce pas là une notion transcendante, eschatologique et donc religieuse ? La psychanalyse nous permet-elle une approche rationnelle du destin ?

 

Renata Salecl

Le choix du crime (trad. Isabelle Baldet)

La psychanalyse s’est toujours intéressée à la relation qu’entretient le sujet avec l’ordre symbolique et particulièrement avec l’ensemble des prohibitions (écrites ou non) qui opèrent dans la société. Le droit peut tirer profit de la psychanalyse lorsqu’il tente de comprendre comment et pourquoi les gens comprennent différemment la loi : pourquoi, par exemple, certains peuvent complètement oublier les prohibitions sociales, d’autres se sentir constamment coupables, d’autres feindre d’avoir commis un crime, d’autres encore s’infliger eux-mêmes des punitions. Cependant, la psychanalyse et la loi peuvent avoir une compréhension différente de ce qu’il en est de la responsabilité du sujet à l’égard du crime. Cette communication abordera tout d’abord la façon dont la psychanalyse freudienne et lacanienne entendent la responsabilité, puis, dans un second temps, elle analysera si nous pouvons dire que le sujet fait un type particulier de choix lorsqu’il s’engage dans une activité criminelle. Dans une époque dominée par l’idéologie du « choix rationnel », nous nous interrogerons pour savoir si un sujet choisit inconsciemment le type de crime auquel il se livre.

 

Philippe Sastre Garau

Les autoaccusations de criminalité dans la mélancolie. A propos de deux cas.

 Si différentes configurations cliniques peuvent parfois aboutir à un authentique acte criminel, il existe aussi des situations comme dans la mélancolie  dans lesquelles le sujet, par croyance délirante, s'accuse d'être un criminel.

Au travers deux cas cliniques dans lesquels la question de l'amour est à l'origine de la décompensation délirante, je propose de repérer et déployer le moment du surgissement de ces autoaccusations lors du déchaînement de la pulsion de mort.

 

Antoine Verstraet

Le dilemme d'Adam

Adam est un adolescent âgé de 15 ans. Placé en famille d'accueil dès l'âge de 6 mois, il regagnera le foyer parental à 9 ans. Mais Adam ne comprend pas bien pourquoi on a décidé ce retour : même s'il ne s'y oppose pas, il ne comprend pas pourquoi il lui faut quitter cette famille qui a su lui offrir une enfance heureuse. Il se retourne donc vers la référente sociale qui lui  explique qu'il est trop gâté par sa famille d'accueil.

Le retour au sein de sa « famille naturelle » est donc décidé. Très vite, la relation avec sa mère s'envenime: elle le frappe et l'oblige à accomplir de nombreuses taches ménagères. Une année se passe avant que les services sociaux n'interviennent de nouveau et placent le jeune garçon au sein d'un foyer éducatif. C'est là qu'il rencontre Angélique dont il tombe amoureux. Ils ne se quittent plus jusqu'au jour où Adam est envoyé dans un autre établissement. C'est alors que, le soir même de leur séparation, la jeune fille décide de fuguer pour le rejoindre.

Dès le lendemain, ils s'enfuient et, durant deux mois, ils occuperont un squat avec deux amis. Mais, dans sa fuite, Angélique a oublié d'emporter ses habits et effets personnels. Pour y remédier, elle demande à Adam de cambrioler le foyer éducatif qui l'accueillait jusqu'à présent. C'est alors que le dilemme se dessine : cambrioler l'établissement alors même qu'il sait que c'est un acte répréhensible. Mais c'est aussi une manière pour lui de témoigner de son amour, de lui montrer combien il tient à elle. Ou alors refuser le délit et risquer dans ce cas de perdre l'amour de sa petite amie.

Adam fera le premier choix et c'est cet acte qui marque le début d'une vie de délinquance, faite de violence et de vols….

 

Frédéric Yvan

L'amour et la mort ou l'effraction du cadre chez Poe.

L'amour, dans l'œuvre d'Edgar Allan Poe, est associé, lié même, à la mort et au meurtre. Plus précisément, ces récits d’amour et de mort sont histoires de vampires et de spectres : l'objet aimé et vampirisé – la femme – faisant retour dans la réalité pour hanter celui par qui elle est morte. C'est cette relation d'amour singulière que nous souhaitons explorer à travers quelques nouvelles d'Edgar Allan Poe – Ligeia, Morella, Le portrait ovale, ou encore La chute de la maison Usher – en nous attachant notamment à ce que l'on peut nommer l'effraction du cadre par l'objet aimé mort.

 

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