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Serge Blisko

Psychothérapies, psychanalyse, la loi, l'urgence, la protection.... amendement, sécurité, santé, politique...


Intervention de Monsieur Sege Blisko, député, lors du débat sur les psychothérapies dans le cadre de la réforme de la santé entreprise par le gouvernement.

Extraits de l' ANALYTIQUE OFFICIEL
Session ordinaire de 2003-2004 - 75ème jour de séance, 189ème séance

2ème SÉANCE DU MERCREDI 7 AVRIL 2004

PRÉSIDENCE de M. Rudy SALLES

POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE
- deuxième lecture - (suite) 2

(...)

M. Serge Blisko - Je traiterai de l'article 18 quater du texte relatif aux psychothérapies. Nous espérons, Monsieur le ministre, vous qui avez la chance d'être innocent en cette affaire, que vous porterez un regard neuf sur le débat né de l'amendement Accoyer. Notre collègue, qui pensait seulement donner des garanties aux patients, a sans doute été lui-même surpris des vagues que sa proposition a soulevées... Son amendement reposait sur les conclusions du rapport Cléry-Melin et visait à réserver l'exercice de la psychothérapie aux psychiatres et aux psychologues, à l'exclusion de tous autres professionnels.

De quoi s'agit-il exactement ? D'un côté, des psychiatres, auxquels leur diplôme de médecin confère le droit de soigner les troubles mentaux et de prescrire des médicaments, dont certains ne peuvent d'ailleurs être prescrits qu'à l'hôpital. De l'autre, des psychothérapeutes, formés pour la plupart par des écoles et des instituts privés, fort chers, - jamais à l'université, dont il est tout de même curieux qu'elle ne soit pas associée à ces formations - et qui réalisent un travail essentiel de soutien et d'accompagnement. Ces derniers méritent assurément de voir leurs compétences ainsi que leur titre reconnus dans les mêmes conditions que les personnels qui, comme les éducateurs spécialisés, les orthophonistes ou les psychomotriciens, peuvent avoir une démarche psychothérapeutique (Interruptions sur les bancs du groupe UMP). Gardons-nous de toute vision simpliste de la réalité. Il n'y a pas d'un côté un champ clair, sans problèmes, qui serait celui de la psychiatrie, soumise au contrôle habituel de l'exercice médical, et de l'autre celui, flou, sans contrôle, porteur de tous les dangers et de toutes les dérives, notamment sectaires ou mercantiles. Le danger sectaire existe partout, et ce n'est pas un diplôme ou une inscription à l'Ordre qui en protège les patients ! La loi permet d'ores et déjà de poursuivre les responsables de tels agissements. Les sanctions peuvent être, si besoin est, renforcées, le conseil de l'Ordre y est prêt.

Y avait-il dont urgence à légiférer, sous le coup de l'émotion ? A mon sens, non, et la vivacité des réactions le confirme. Beaucoup de psychiatres et de psychologues observent, à juste titre, que le débat a été trop rapide, de surcroît marqué par des changements de cap successifs de la part du Gouvernement. En effet, après l'amendement Accoyer, très restrictif, est venu l'amendement du sénateur Gouteyron, qui ne manquait pas d'intérêt mais conduisait à une usine à gaz, puis, pour finir, l'amendement Mattei, repris aujourd'hui par le président de la commission, censé tout résoudre, alors qu'il soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses !

La création d'un registre national de psychothérapeutes tenu par les DDASS, sur lequel tous les psychothérapeutes seraient obligés de s'inscrire, ne résout rien. Tout d'abord, on ignore comment sera établie la liste. Ensuite, de nombreux praticiens seront exemptés de cette inscription : ainsi les médecins, quelle que soit leur spécialité...
Plusieurs députés UMP - Vous n'avez pas lu le texte.

M. Serge Blisko - ...si bien qu'un gastro-entérologue ou un ORL pourrait pratiquer la psychothérapie sans avoir reçu aucune formation spécifique. Seraient également exemptés les psychologues " titulaires d'un diplôme d'Etat ", alors qu'il n'existe pas de diplôme d'Etat de psychologue, mais seulement des diplômes, des certificats ou des titres sanctionnant une formation universitaire. Mais depuis la loi du 4 mars 2002, les psychologues sont tenus de se faire inscrire sur une liste dans leur département d'exercice. Comprenne donc qui pourra ! En outre - les psychologues et leurs associations en conviennent -, la pratique des psychothérapies n'est pas enseignée dans le cycle d'études d'un psychologue, même clinicien, ce qui pose un problème.

Viennent enfin les psychanalystes " régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations ", écrit M. Dubernard. Mais par qui et comment seront définies les associations qui peuvent enregistrer les psychanalystes " régulièrement ", et que signifie ce terme ? Quelles garanties seront demandées à ces associations ? La référence à Freud dans les statuts d'une association suffit-elle à en garantir le sérieux ? De plus il y a en France des psychanalystes qui ne sont pas membres d'une association. Certains seront donc exemptés de l'inscription sur un registre, alors que d'autres devront s'y soumettre, alors qu'ils sont dans la même situation, ni médecins, ni psychologues : cela n'a pas de sens.

On a été beaucoup trop vite : il faut une réflexion plus approfondie sur ce que peut signifier cet annuaire qui prendrait force légale et deviendrait un moyen de contrôle administratif. Ceci est contraire à la tradition de la psychanalyse française depuis un siècle, qui fait de la reconnaissance par les pairs le fondement du travail des psychanalystes.

M. le Rapporteur - Lisez mieux l'amendement.

M. Serge Blisko - La psychanalyse a été persécutée en Europe et, sans vouloir faire de comparaisons déplacées, ce fut l'Allemagne des années trente qui, après avoir expulsé ses psychanalystes, recréa une association psychanalytique. La psychanalyse ne se développe que dans un climat de liberté ; ce n'est qu'après 1990 qu'elle a reparu dans les pays de l'Est, où la psychiatrie avait été mise au service de la police politique. On cite comme indice de santé démocratique l'existence d'élections libres et d'un Parlement régulièrement élu ; plus modestement, la liberté d'exercer la psychanalyse en est un autre indice. Les guerres picrocholines entre les écoles psychanalytiques, souvent moquées, sont la preuve de sa vitalité. Je vous demande donc, Monsieur le ministre, de retirer provisoirement cet article, et d'accepter la mise en place d'une mission parlementaire d'information sur un problème qui ne saurait être traité au détour d'un amendement (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste).

(...)

et La réponse de Monsieur le Rapporteur


M. le Rapporteur - M. Blisko ayant évoqué l'article 18 quater, j'aimerais lui répondre. Je voudrais tout d'abord que personne ne dénature la démarche de Bernard Accoyer, qui a toujours été guidée par un seul objectif : protéger les personnes, souvent fragiles, qui veulent suivre une psychothérapie. Son amendement a, on le sait, provoqué des passions.

Se pencher plutôt sur l'usage du titre, comme l'a fait le Sénat au terme d'un travail remarquable et de très nombreuses auditions, me semble être un très bon angle d'approche.

Mais mon homologue au Sénat et le ministre ont reconnu que la rédaction retenue était perfectible. J'ai donc proposé à la commission une nouvelle rédaction, qu'elle a acceptée.

Il nous fallait en tout état de cause agir sans attendre. D'autres pays, qui ne sont pas des dictatures absolues, ont réglementé la psychothérapie sans provoquer les levées de boucliers auxquelles nous avons assisté. Il nous fallait agir, car de nombreuses dérives existent. Nous devions donc garantir aux personnes qui se tournent vers les psychothérapeutes que ceux-ci disposeraient de la formation - théorique et pratique - requise. J'en profite pour dire que la formation à la psychanalyse, qu'elle soit freudienne ou lacanienne, est solide, longue et comporte de nombreux contrôles.

Je crois donc que ce serait une erreur de supprimer l'article 18 quater (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).

(...)

La suite et le contexte de cette intervention sur:

http://www.assemblee-nationale.fr/12/cra/2003-2004/189.asp#P38_413





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08/04/2004
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