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Brouillon d’humeur … À propos de présomption d’innocence…

Brouillon d’humeur …

À propos de présomption d’innocence.



Tandis que la présomption d’innocence devient l’argument pour faire taire toute plainte avant que la Justice d’État ait conclu, le soin consiste à entendre la plainte, à se mettre à son écoute sans attendre, afin d’éviter que le mal ne s’enkyste et que la douleur n’enflamme l’organisme.
Nous pouvons avoir envie et besoin de prendre soin, c'est notre travail, tandis que la Justice de son côté fait le sien...
Le soin, le soin juste, le juste soin, revient à écouter, et à croire l’enfant qui a été abusé, sans attendre que pépé soit ou non condamné.
Le soin appelle aussi à reconnaître et dénoncer les actes de violence sans attendre que la justice d’État ait décidé si c’était bien ou mal. Si c’était grave ou pas si grave que ça.
Dénoncer ne revient pas à condamner, (ce n’est pas notre rôle) mais à révéler et ne pas cautionner. À reconnaître, à constater la gravité.
La justice d’État peut être amenée à prononcer une réparation ordonnée par l’État, une réparation tout à fait bienvenue. Pour les deux parties.
Mais… Laisser agir, (en attendant le verdict de la Justice d'État) la monstruosité, se laisser condamner au silence, induit une forme de complicité qui nuit à tous y compris à l’agresseur, qui aurait besoin que sa famille, ses amis, son entourage, ne cautionnent pas sa « monstruosité » et l’aident de façon bienveillante à mettre un frein à sa grossièreté, à sa déchéance, à ses comportements insensés et ses emportements, à sa cruauté parfois…
Les provocations de plus en plus énormes de cet homme (Gérard Depardieu) montraient (montrent encore ) qu’il avait besoin qu’on lui mette un frein. Il était (il est?) en train d’exploser d’énormité. Ce n’est pas de l’amour de le laisser en roue libre. Sa violence se retourne contre lui. Le considérer comme un enfant à qui l’on doit tout pardonner du fait de son génie est un non sens. Un enfant gâté souffre de n’avoir aucun cadre porteur, aucune structure soutenante, vraiment aimante. Ni la fascination ni l’admiration ne sont de l’amour.
Je pense que la priorité est à donner à la défense et à la protection de l’enfance et de la vulnérabilité, à l'écoute des blessures qu'ont subies certaines femmes, et non à l’innocence présumée de l'homme qui a œuvré loin des regards en imposant le silence, ou en profitant de celui qu'il a gagné par connivence.

Vient bien sûr ensuite la nécessité de rappeler aux adultes (et pas à l’enfant qui tente de faire entendre son mal être, ni à la victime en souffrance) - qu’il y a la présomption d’innocence, pour éviter les méfaits des délations mensongères. Pour atténuer les emballements hystériques qui suivent presque toujours les révélations d'actes de transgression et d'abus de pouvoir qu'ils soient ou non sexuels.
Mais la présomption d’innocence pour Pépé quand il est pris la main dans la culotte de sa petite fille, non merci!

Et je sais que l’enfant qui aura bénéficié de l’écoute, et dont la parole n’aura pas été mise en doute par sa famille, se sentira bien plus soigné et réparé, que si on lui avait dit: « Attendons le verdict de la justice ».
Proposer de maintenir le silence pour laisser la justice suivre son court et trancher afin de savoir si c’est vrai que pépé a mis la main dans la culotte de sa fillette pendant que mémé œuvrait à faire le ménage sans rien dire à l'étage, dans le but de décider si c’est vraiment mal ou pas, ajoute de l’horreur à l’horreur…
Le soutien inconditionnel du Président actuel de l’État montre une fois de plus à quel point ses paroles sont insensées, dénuées de toute sincérité. À quel point il aurait eu besoin qu’on lui mette également un frein.
Ces deux hommes, lui et celui qu’il admire et défend de façon inconditionnelle, sont des symptômes d’une civilisation malade.
Deux figures de l'imposture.
S’en désolidariser est un acte salutaire dont ils ne pourront que bénéficier.

L’un est un comédien qui n’en peut plus de jouer la comédie, de faire le fou du roi pour amuser la galerie, et qui crève de douleur. L’autre est un menteur, un imposteur, qui se rêve comédien mais ne sait plus quel rôle jouer à force d’ignorer le sens de la vérité.
D’une certaine façon, je remercie celui-ci d’avoir révélé l’évidence de sa vacuité à la face du monde en se précipitant sur un plateau de télé. Aura-t-il participé pour une fois à la révélation d’un peu de vérité quand bien même c’était sans le vouloir?

Virginie Megglé
30/12/2023
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