Chaque visage est le Sinaï d'où procède la voix qui interdit le meurtre - Lévinas

Bien bien à sa place, bien dans son corps, bien dans son cœur

Bien bien à sa place, bien dans son corps, bien dans son cœur
Eyrolles

"Même si vous pensiez ne pas en avoir besoin 

Ce carnet ne peut que vous faire du bien." 

 

Lorsque j’étais enfant je rêvais de « faire Marcelle Ségal »… Marcelle Ségal, vous savez qui elle était? Non, vous ne voyez pas? C’était la voix qui répondait au courrier du cœur dans les dernières pages du magazine hebdomadaire que j’allais acheter chaque semaine en librairie pour ma mère, Elle. Une voix écrite bien sûr, mais si bien pensée et ponctuée, que c’est sa tonalité qui résonnait dans le silence de ma tête quand j’en absorbais goulument les messages. À l’instant, en vous en parlant, j’ai l’impression de l’entendre encore, infiniment attentive, bien qu’un peu autoritaire. Ravissante… Lucide, tout en cadence. Contrairement au Père Noël, madame Ségal existait vraiment (la preuve, c’est qu’elle est morte depuis) et répondait en son nom propre au courrier postal que les femmes lui adressaient.À l’époque, si tant est qu’elle soit vraiment achevée (cette époque), j’adorais nager sous l’eau aussi, (même si ma cousine me répétait que Dieu seul était adorable) et les cahiers de vacances!
Enfin, eux, je ne suis pas sûr de pouvoir dire que je les adorais. Disons qu’ils répondaient à un besoin puissant, à une nécessité vitale. Ils exerçaient chaque année sur moi la même attraction que sur d’autres la bûche de Noël ou la pêche-melba. Dans la continuité des livres. Ces nourritures saisonnières, vous le savez, si essentielles, lorsqu’on est une enfant, que l’on aime la vie et que l’on couve l’espoir fou de se sentir un jour comprise. La vie est persévérance… Dans les cahiers de vacances, à la différence des livres, je pouvais écrire, dessiner, en toute liberté ou presque. Je pouvais les remplir à mon rythme… Personne ne me contrôlait. D’une certaine façon je les créais. À moins que ce ne soit eux qui aient participé à me créer ? Ils représentaient, un peu comme Babar, les premiers romans graphiques. Quand Babar était encore raconté en alphabet cursif sur d’immenses pages de papier épais… et que les courbes des lettres m’apparaissaient aussi gracieuses que celles des dessins de son auteur.
Voici, comme une trace ou un compromis de ces passions enfantines, ce petit carnet, léger et profond, dont l’idée un matin a surgi comme pour répondre à l’enfant que je fus. À l’un de ses désirs cachés. Au risque de me surprendre et vous-même peut-être aussi….
Curieusement … les cahiers de vacances étaient pensés - il me semble - pour inciter les enfants à mieux travailler à l’école, à mieux recevoir un enseignement pré-établi. En ce qui me concerne, ils répondaient surtout à un goût inné pour l’exercice et l’apprentissage. Pour l’écriture et les coloriages. Pour la justesse. Tout comme Marcelle Ségal répondait à un besoin d’écoute en même temps que Babar me laissait entendre la possibilité d’écrire aussi souplement que l’on dessine.
Aussi ce cahier est-il, dans le prolongement de nos passions enfantines, une invitation à cette promenade que constitue l’apprentissage à travers la pensée. Il répond à une nécessité aussi : celle de se découvrir pour mieux se protéger (aussi paradoxal que cela puisse sembler) en prenant soin de soi sans plus négliger ce qui est considéré comme chose négligeable à l’heure où l’on est prêt à confier aveuglément son destin aux chantres d’une prétendue intelligence réellement artificielle. La dimension « psy », celle des rêves et des bleus à l’âme n’est pas chose négligeable ; invisible, elle me semble, en termes de d’amour et de santé, essentielle à considérer.
Peut-on dire que ce cahier est une sorte de courrier du cœur pour apprendre à apaiser enfin nos peines indicibles ? Un invitation à considérer les chagrins que tant de guerres nous imposent de refouler ? Une exhortation à se découvrir (????) en se dessinant, en s’écrivant ?
Madame Ségal prenait soin du cœur des dames, - et des messieurs s’ils le souhaitaient- ; Jean (et Cécile) de Brunhoff portaient une merveilleuse attention aux sentiments des enfants …
Prendre soin, c’est aussi prendre soin de son âme (d’éternel.le) (enfant)….





Carnet d'auto-estime Pour ne plus subir le sentiment d'imposture
Tout juste paru en librairie
03/06/2024
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