Chaque visage est le Sinaï d'où procède la voix qui interdit le meurtre - Lévinas

De l'adolescence errante Olivier Douville


Olivier Douville

De l'adolescence errante 


Variation sur les non-lieux de nos modernités





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Paru aux Éditions Pleins Feux 
en 2007

Prix Œdipe 2008 

 

 

L'auteur parle ici d'une expérience professionnelle de clinicien, adossé à la psychanalyse et à l'anthropologie, travaillant dans des espaces urbains sis aux franges des aspects plus ordinaires et davantage policés des villes modernes. Si le terme d' " errance " (errare/itinerare, l'erreur certes mais aussi l'itinéraire) atteste d'un désordre de l'orientation des corps dans les espaces publics, sa réalité actuelle nous fait rencontrer de jeunes sujets redoutant plus que tout de se trouver retenus dans une demeure. Là, de jeunes errants nous posent un défi, dans une indifférence à peine triste. Il nous reste, et il nous revient, d'accompagner ces jeunes à s'inventer un voyage et un pays. Y a-t-il plus sévères visages que ceux de ces adolescents sans lieu et sans espoirs. Notre obligation est bien de les aider à tracer un sillon, une orientation de corps et de parole, de leur redonner la gourmandise du contact humain. 

 

 

De l'adolescence errante variation sur les non-lieux de nos modernités  a reçu le prix Œdipe 2008, décerné par Oedipe le salon  comme l'avait été, entre autres,  les années précédentes,  "Le savoir déporté" de Anne-lise Stern, paru aux Éditions du Seuil, "Lila et la lumière de Vermeer" de Alain-Didier Weil, paru chez Denoël, ou encore "Le jour où Lacan m'a adopté" de Gérard Haddad paru aux Editions Grasset. 

 

 

Voir la remise du prix

Un langage musical pour une approche passionnée qui nous fait entrer dans le vif du sujet: l'existence errante de jeunes gens en perpétuelle survie et en désespoir de sens à travers la perception du psychanalyste qui s'engage à leur rencontre. Un livre dont les phrases s'articulent les unes avec les autres avec gravité et dans la densité pour mieux dire la difficulté et la grâce malgré tout de ces jeunesses éperdument en mouvement dont le destin se diluerait dans le vertige d'un no man's land dépressif si l'auteur ne s'avançait vers eux, pour les accompagner, offrir son écoute et inviter le lecteur à une considération toute particulière. 

 

Et pour encourager, s'il le faut le futur lecteur, voici quelques extraits de la lecture qu'en a proposée Olivier GRIGNON pour le prix Oedipe 2008. Quelques propos qui laissent entendre mieux que tout autre la qualité et la saveur bien singulières de ce livre.

 


"C’est un tout petit livre. Il mesure quatre millimètres d’épaisseur et pèse soixante dix grammes ; il vous en coutera 1,33 euros pour l’envoyer par la poste à quelqu’un à qui vous voulez du bien.

Mais c’est un live ENORME, car dans toutes ses composantes c’est un livre de psychanalyste.

Pas, ou pas seulement, un traité savant ; pas un livre de psychologie psychanalytique ou une étude théorique.(...)"

 

 

 

"(...)Or, le livre d’Olivier Douville c’est une vraie écriture d’aujourd’hui de la psychanalyse.

D’abord, du fait de sa qualité littéraire, sans laquelle le réel en jeu dans nos élaborations conceptuelles reste forclos. En ce sens, je soulignerai fortement la poétique de ce livre. Mais attention, au sens lacanien de ce terme – pas ce qu’il daube quand il dit « je ne suis pas poëte-assez » … Au sens de ce qu’il réclame de l’interprétation quand elle vise l’effet de sens, et pas le détestable commentaire qu’est la signification. Non, je veux parler de la trouvaille qui seule peut emporter le réel en jeu. Ceci constitue un style.(...)"

 

 

"(...)C’est pourquoi ce « petit » livre est si exigeant, et pour lui-même, et pour le lecteur. C’est un livre plein, et ce n’est pas un livre facile.

Sans vouloir en recenser tous les thèmes, il me faut cependant en dégager quelques uns :

Je précise d’abord que ce qui est mis en valeur, c’est l’écoute psychanalytique. On n’y trouvera donc pas de cure standard, pas de conseils pour un simple étayage des misères du narcissisme, ni les sempiternelles gloses socio-pédagogiques qui font l’ordinaire des traités sur l’adolescence.

On y trouvera, au contraire, une bataille acharnée contre la psycho-pathologie de l’adolescent communément admise.

Il faut souligner également que la pensée de Douville s’appuie sur un fort bagage théorique. Anthropologique, certes, mais surtout les avancées lacaniennes les plus extrêmes. C’est ainsi qu’il pense l’adolescence à partir d’un repositionnement radical de la psychose, conçue à la limite comme paradigme de la normalité. Il le fait en clinicien averti, bien sûr. Il ne confond pas névrose et psychose, il met en place quelques repérages permettant de ne pas prendre pour de la psychose tout ce qui parait bizarre et extrémiste. (...)"

 

"(...) Voilà. C’est un livre qui swingue ; c’est un livre où foisonnent les improvisations. Mais comme toutes les improvisations de qualité, elles y fleurissent sur une longue pratique des standards."



 

Olivier Douville est psychanalyste et maître de conférences en psychologie clinique à l'université Paris-10 Nanterre. 

Il est directeur de publication de Psychologie clinique (l'Harmattan, Paris) et co-rédacteur en chef de PTAH, revue de l'ARAPS (Association Rencontre Anthropologie Psychanalyse sur les Processus de Socialisation). 
Il travaille régulièrement auprès d'adolescents en errance en Afrique de l'Ouest.

30/11/2008
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