Chaque visage est le Sinaï d'où procède la voix qui interdit le meurtre - Lévinas

Aline ou l'impensable du corps

Aline ou l'impensable du corps

Récit d'une cure analytique


suivi de

Une approche psychanalytique des psychoses

Paru au Éditions Érès en 2006

dans la collection
La Clinique du Transfert






« Je témoigne volontiers que ce sont les psychotiques, ceux qu’on nomme “les fous” qui m’ont ouvert les oreilles et m’ont conduite à ma formation de psychanalyste. Médecin, psychiatre, j’avais appris à savoir, j’étais tenue de savoir, de savoir maîtriser mon savoir et de le dispenser. En devenant psychanalyste, j’ai appris que mon savoir s’arrêtait là où commençait le savoir de l’autre. Je soutiens volontiers que c’est ce qui m’a permis de rester d’autant mieux psychiatre. ??Cent ans après Freud, il me paraît insoutenable, impardonnable, inexcusable de rester psychiatre en faisant l’impasse sur la dimension du génie de ses découvertes. ??Cent ans après Freud, tout psychiatre qui s’autorise à se dispenser de l’outil analytique se soustrait, du moins à mes yeux, à l’obligation de moyens qui lui est faite. ??Ce sont les psychotiques qui m’ont appris mon métier. Ces patients rencontrés dans les hôpitaux psychiatriques, internés parfois depuis plusieurs années, me renvoyaient à mes propres questions, restées en souffrance. Seules différaient nos tentatives de réponses qu’ils hurlaient parfois jusqu’au délire. Parfois jusqu’au silence. ??Mais nos questions étaient les mêmes. Questions de l’Être en tant que Sujet, car la question est là, elle est toujours posée, fût-ce dans le remaniement du plus fou des discours. ??A travers la cure d’Aline, je témoigne du traitement possible de la psychose. »

 

Arlette Costecalde



Arlette Costecalde est psychiatre, ancienne assistante des Hôpitaux psychiatriques, psychanalyste, membre d’Espace analytique, association de formation psychanalytique et de recherches freudiennes fondée par Maud Mannoni.



Ci-dessous, quelques extraits de ce bien joli livre au poids léger mais au contenu dense ... qui se laisse ouvrir avec plaisir et refermer dans l'émotion ... Quelques instants de lecture, cueillis en toute subjectivité, au fil des sensations ... et offerts ici telle une invitation à la psychanalyse ... Cette savoureuse ouverture à l'inconscient ... dont l'écho subtil résonne étrange et familier tout au long de ces pages, et dont la lecture se poursuit bien après les avoir refermées.
Une façon de dire l'indicible ...




On ne tend pas la main à la souffrance sans déclencher
Des torrents de détresse
Des espoirs insensés
Des désespoirs fous
p. 35

(...)

Aline était de nouveau complètement dissociée dans son corps
De nouveau il lui fallait contrôler sans cesse
La respiration, les poumons, le coeur, les orifices
Ce qui sort et surtout ce qui rentre

Elle ne quittait son lit qu'au prix d'efforts extrêmes
à rassembler son corps, et ne mangeait la nourriture
que lui portait ses parents qu'en dehors de leur présence
p. 49

(...)

Alors, comment être un enfant
Quand du lieu de la mère
Rien ne vient signifier que l'enfant existe en dehors d'elle
Quand du lieu de la mère
Rien ne vient représenter l'enfant?
p. 56

(...)

C'était très important pour elle d'être une femme épousée
Sinon c'était rester vierge.
Être vierge, me disait-elle
Ça n'avait rien à voir avec avoir ou non des amants
Être vierge
C'était se refuser à se référer à un homme
C'était se refuser à porter son Nom."
p. 77

(...)

La psychanalyse est née du génie d'un médecin, le docteur Sigmund Freud, d'avoir su entendre, dans la souffrance psychique, la vérité de l'homme éternellement enchaîné à sa condition, d'avoir entendu que névrose, psychose et perversion, sont autant de tentatives de réponses aux questions de l'homme éternellement enchaîné à la dimension de l'inconscient.(...) D'avoir su entendre (...) que nous avons tout autant à apprendre de la science, de la religion, de l'art, de la philosophie, de la poésie, que de la folie: (...) p. 85

(...)

On sait bien que toute intervention, toute interprétation hâtive, toute conclusion prématurée ne sert strictement à rien, sinon à renforcer les défenses et les résistances.
On sait bien que l'analyse ne saurait se dérouler sans respecter le subtil travail du refoulement sans respecter le temps pour comprendre. p. 101



Psychanalyse en mouvement, préambule

 

07/03/2007
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