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Anorexie, Oedipe, Antigone

Anorexie et psychanalyse

Juste quelques mots à ce propos... Si Antigone, l'une des deux filles d'Œdipe, en est venue à lancer son cri à travers l'histoire,c'est peut-être pous que soit symbolisée la nécessité de la présence du père, aux côtés de la mère, assumant sa fonction paternelle. En tant que "autre", en tant que tiers. Ainsi que la nécessité de marquer une frontière entre ce qui signifie la vie et ce qui signifie la mort.

Être ou paraître, comment naître ?

L’anorexie dépasse les apparences, même si elle se joue sur l’apparence. C’est bien l’apparence de l’amour qu’elle met en questions. A travers ses jeux de miroir et de transparences.

D’objet de plaisir (maternel), ou de désir (paternel), elle aspire à devenir sujet désirant qui a besoin de goûter le plaisir pour ce qu’il est, non envenimé…

L’expression de cette difficulté à vivre, de cette hypersensibilité, est irréductible à un quelconque complexe Œdipe, telle qui l'est entendu dans le langage courant, telle qu'il a été banalisé. L’hypersensibilité de l’anorexique résiste à tout discours qui l’enferme, elle a besoin d’être libérée des projections qui l'enferment, comprise, acceptée pour ce qu’elle est, pour qui elle est. Entendue en tant que sujet, et non prise en tant qu’objet (de diagnostique, de jouissance, d’étude de cas…). Si Antigone, la fille d’Œdipe en est venue à lancer son cri à travers l’histoire, c’est pour que soit symbolisée - outre la reconnaissance de son frère - la nécessité de la présence du père, aux côtés de la mère. En tant que « autre » et en tant que tiers. Ainsi que la nécessité de marquer une frontière entre ce qui signifie la vie et ce qui signifie la mort. Être ou paraître, comment naître ? L’anorexie dépasse les apparences, même si elle se joue sur l’apparence. C’est bien l’apparence de l’amour qu’elle met en questions. A travers ses jeux de miroir et de transparences. D'identifications et de projections.
D’objet de rejet et de jouissance, de plaisir (maternel), ou de désir (paternel), elle aspire à devenir sujet désirant qui a besoin de goûter le plaisir pour ce qu’il est, non envenimé, non perverti…

Sa volonté de « s’en sortir » ne passe pas par le « mieux manger » mais le « mieux se sentir » : dans sa peau, dans sa vie, dans sa famille, dans son cœur.... De (re)trouver goût à…

Il ne s’agit pas de stigmatiser les parents - nul n’est coupable de souffrir - mais d’entendre que la maladie de leur enfant est celle de deux parents.

Comment dire à une mère que ce n’est pas elle que l’on n’aime pas mais ce qu’elle nous transmet que l’on ne supporte pas ?
Comment faire passer - si ce n’est par la nourriture que ce qui a été transmis a peut-être été empoisonné ?

Souvent niée, la douleur est immense, quand anorexique, on a besoin de se protéger contre l’indicible abandon et une essentielle vulnérabilité.

Et tandis que la maigreur réveille bien des fantômes… que la naissance avait déjà reconvoqués, elle semble dire, certains jours « Aime-moi comme je suis et comme j’aimerais que tu m’aimes et non telle que je ne suis pas. Laisse-moi, libre, devenir. Et crois moi, quand je te dis que j’ai mal, là, c’est bien là que j’ai mal, ce n’est pas pour te faire mal »