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Hyperémotifs Survivre à la tempête intérieure

Hyperémotifs Survivre à la tempête intérieure

Nous sommes en mars 2020. Depuis quelques temps, un rien me fait sursauter, il me semble être sereine et plutôt maîtresse de mes réactions, mais ces sursauts imperceptibles le contredisent. Une sourde nervosité perturbe ma disponibilité et ma capacité de penser.

Il faut pourtant que j’assure. Autour de moi, j’entends de nombreux témoignages d’inquiétude, de désolation. Des appels au secours me parviennent, plus crus, plus fréquents que jamais ; de parents effondrés ou affolés par leurs enfants « trop insouciants » et pourtant abimés par la violence de l’inattendu, le désarroi, la maladie. La complication si soudaine du quotidien aussi. Des journalistes m’interviewent sur l’anxiété dont ils constatent la montée. Je sens un grand nombre de personnes désarçonnées… ne sachant plus sur quelque monture avancer ! Interrompues dans leur élan vital.

Les uns et les autres ont l’habitude de s’appuyer sur moi : j’ai beau avoir l’émotion à fleur de peau, j’ai toujours su me ressaisir quand la situation le nécessite. Cette vigilance naturelle se révèle d’ailleurs précieuse en termes de soins et de thérapie.

Mais là, fait exceptionnel, cet état d’anxiété et la volonté de ne pas y céder est plus que jamais partagée. Certains s’enflamment, d’autres s’efforcent de la dissimuler, d’autres apparaissent tristement secs ou plus cassants qu’à l’ordinaire. Il s’en faut peu pour que je me sente à mon tour submergée.

 

Très vite, il m’a semblé évident que l’intrusion du Corona Virus dans notre quotidien était le révélateur d’une hyperémotivité qu’il exacerbait. Les réseaux sociaux en étaient l’étrange laboratoire. Un mot contrariant suffisant à y déclencher des foudres, les invectives y volent, les anathèmes partent en flèche, les condamnations aussi.

Dans la « vraie vie » cela se constatait surtout par un effet de perte de stabilité, de désolation : une crainte du contact qui entachait les relations, la nécessité d’une mise à distance réciproque qui cherchait cependant à rester aimable.

 

De nombreux projets ayant été retardés, déplacés, annulés, reportés, comme pour la plupart d’entre nous, - et tant de personnes étant soudain dans des situations vraiment dramatiques -, je me suis appliquée à vivre aussi bien que possible cette période. Je trouvais même certains avantages à l’obligation de rester chez soi. Cela compensait la nocivité des désagréments indéniables qui mettaient l’émotivité à l’épreuve.

Surprise d’avoir à partager pour la première fois, au même moment, une expérience semblable à celle de mes patients, le rapport à l’intimité se conjuguait différemment. Nous étions embarqués sur le même navire, en pleine tempête. Les nerfs mis à vif exacerbant l’émotionnel les relations se faisaient forcément plus étroites. Il me fallait tenir le cap. J’ai, d’une certaine façon, choisi de guérir le mal par le mal, en m’emparant de la situation pour plonger dans l’hyperémotivité telle que je la percevais chez les unes, les uns, les autres, telle que je l’éprouvais également, afin que cette période puisse être, pour qui le souhaite non pas le souvenir d’un désastre ni prétexte au déni, mais l’occasion de se repenser…

Découvrir, au-delà des apparences ce que l’hyperémotivité venait nous signifier, au moment où elle devenait évidente, ouvrait la voie à un véritable travail d’apaisement en profondeur tout en finesse.

 

Quand les tensions douloureuses et l’angoisse sont là, il s’agit de ne pas y succomber. Le travail thérapeutique occasionné fut souvent émerveillant. La vulnérabilité reconsidérée à travers le filtre de l’émotivité s’est imposée à moi, comme une suite naturelle à mes deux précédents ouvrages. 

 

Tout ce qui se dit dans ce livre est le fruit d’expériences vécues et si les divers protagonistes, conviés en exemple, sont fictifs, ils sont inspirés par des êtres de chair et d’os parmi lesquels je figure…

 

 
Hyperémotifs, survivre à la tempête intérieure
En librairie le 2 septembre 2021 

Virginie Megglé
2021

01/09/2021
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