Chaque visage est le Sinaï d'où procède la voix qui interdit le meurtre - Lévinas

Jean Clavreul L'Homme qui marche

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Paru en Juin 2007

L'homme qui marche sous la pluie : Un psychanalyste avec Lacan
de Jean Clavreul
chez Odile Jacob



Quatrième de couverture:

Jean CLAVREUL
L' homme qui marche sous la pluie
Un psychanalyste avec Lacan
 
« La psychanalyse met en cause notre façon même de construire nos idées et nos systèmes de pensée. Freud a été modeste en comparant la révolution psychanalytique à la révolution copernicienne. La psychanalyse touche à des problèmes tout à fait essentiels concernant l’homme et son destin », écrit Jean Clavreul au tout début de cet ouvrage en forme de testament intellectuel, dans lequel il livre ce qu’il appelle sa « mémoire psychanalytique ».

Il y dresse le bilan de la « révolution lacanienne », restituant les nœuds de la pensée de Lacan et ce que l’école qu’il a fondée a apporté. Il propose aussi ses réflexions critiques, appuyées par une longue pratique, sur les grandes questions qu’on agite aujourd’hui autour de la psychanalyse : sa légitimité, son rôle social, son « efficacité » thérapeutique, son fonctionnement interne.

Sur le mode de la causerie, le parcours et les méditations originales d’un des maîtres du lacanisme.

 Psychiatre et psychanalyste proche de Jacques Lacan, Jean Clavreul joua un rôle majeur dans l’École freudienne de Paris. Excellent clinicien, il forma de nombreux psychanalystes importants. Il a notamment publié Le Couple pervers, L’Ordre médical, Le Désir et la Loi et La Perversion.





" L'homme qui marche ", on ne sait d'où il vient, ni où il va. Il marche sur ces chemins qui ne mènent nulle part, dont nous parle Heidegger : ce sont ces chemins de forêts, tracés pour le transport des bois lors de l'abattage, ces chemins qui ne mènent nulle part si ce n'est dans les clairières. Il les suit sans espoir particulier d'y trouver quelque chose…

" L'homme qui marche " est un homme très ordinaire, ni un héros, ni un saint. Il ne se définit pas par sa normalité, ni par ses qualités, mais simplement Parce qu’il marche. Il a quelque chose de commun avec nous que n’a pas l’homme " normal " ou " l'honnête homme " : il ne répond pas aux normes de l’humanisme traditionnel, il évoque plutôt le " manque à être ". Et l'homme qui marche de Giacometti marche sous la pluie, la pluie venant là, pour montrer que sa marche n’est pas triomphante. Il ne se pose pas comme un homme exemplaire, mais plutôt marqué par l’effort sans fin qu’il fait, sans qu’il sache trop où ces chemins mènent.

Il y a des lieux où les subjectivités les moins affirmées explorent les limites comme les champs d’épanouissement de ces " erres ", au sens de l’errance dont parle Lacan à propos des non dupes. C’est Deligny qui, observant des enfants autistes, a relevé ce qu’il a appelé des " lignes d’erre ".

Cet homme qui marche est aussi un homme qui boite : Freud, dans l'Au-delà du principe de plaisir, cite le poète Rückert, et Israël, dans son livre Boiter n’est pas péché, propose cette traduction : " Ce qu’on ne peut atteindre d’un coup d’aile, il faut l’atteindre en boitillant…L’écriture dit que : boiter n’est pas péché. Boiter c'est toujours marcher " et c'est après tout ce que nous observons quotidiennement dans ce que nous appelons la clinique.
Et c'est cet homme-là qu'il faut reconnaître quand on devient psychanalyste, cet homme qui existe moins par ce qu'il est que par ce qu'il n'est pas. Giacometti a aussi sculpté une femme dont les deux mains semblent attraper on ne sait quoi, entourer un objet invisible : II a appelé cette sculpture " les mains tenant le vide " et il aimait ce jeu de mots " et maintenant le vide ". L'objet qui apparaît entre ces deux mains n'est que l'objet du désir, ce vers quoi tendent ces chemins qui ne mènent nulle part.

La psychanalyse explore ces chemins, et leurs impasses… L’homme qui marche, c’est l’homme qui sort de son immobilisme pour inventer toujours et sans cesse....





Autres livres de Jean Clavreul

Une thérapeutique de l’alcoolisme. Pierre Fouquet et Jean Clavreul. P.U.F. 1956
Le désir et la perversion. Jean Clavreul Paris : Le Seuil, 1967
L’ordre médical. Jean Clavreul Paris : Le Seuil, 1978
Le désir et la loi. Jean Clavreul Paris : Denoël, 1987




Jean Clavreul, un psychanalyste en mouvement

Psychanalyse en mouvement, préambule

08/07/2007
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